Album pour Astor : Bjarke Mogensen, Johan Bridger, Mathias Heise, The Danish Chamber Players ; NOS Enregistrements
Avis écrit le 27 février 2023
L’accordéoniste danois Bjarke Mogensen et ses amis dans des réinventions modernes saisissantes de certains des classiques de Piazzolla
Ce nouveau disque de OUR Recordings, Album pour Astor présente l’accordéoniste danois Bjarke Mogensen avec Johan Bridger (vibraphone), Mathias Heise (harmonica) et des membres de The Danish Chamber Players dans une séquence d’interprétations modernes de la musique par le grand maître du Tango Nuevo argentin, Astor Piazzolla.
Le disque comporte Adios Nonino, Vibraphonissimo, Café 1930 depuis Histoire du Tango, Tristango, Aconcagua, Fuga y Misterioso, Coral, Allegro Tangabile, Contramilonga, Novitango, et Despertar dans de nouveaux arrangements de Mogensen avec une variété de line-up allant de l’accordéon solo à l’accordéon et au vibraphone, en passant par l’accordéon et l’harmonica, l’accordéon et l’ensemble de chambre, certains des originaux sont des chansons mais ici présentés dans des transcriptions instrumentales.
Nous commençons par Adios Nonino écrit en 1959, quelques jours après la mort du père de Piazzolla en utilisant le matériel d’un tango antérieur écrit en l’honneur de son père. Présenté comme un solo d’accordéon, il passe de la rhapsodie libre à quelque chose de plus excitant. Le monde sonore est résolument moderne, mais très expressif.
Vibraphonissimo a été écrit en 1986 pour le vibraphoniste de jazz Gary Burton et s’appelait initialement Suite pour vibraphone et New Tango Quintet, ici il est interprété à l’accordéon et au vibraphone. Au début, cela ressemble à un solo de vibraphone, mais finalement, l’accordéon se joint. Tout au long, la musique semble remarquable, rien à voir avec ce que l’on pourrait considérer comme un Piazzolla classique et poussant plutôt le compositeur vers quelque chose de plus contemporain. Certainement très intrigant.
Café 1930 vient de la suite Histoire du Tango qui a été écrit en 1985 pour flûte et guitare mais qui a depuis été retravaillé dans une variété d’orchestrations et on entend ici accordéon et harmonica. Ce n’est pas une combinaison évidente, mais la mélancolie obsédante de l’accordéon combinée au son presque gémissant de l’harmonica semble fonctionner et est une autre réinvention intrigante.
Tristangoécrit en 1974 est extrait de l’album Libertango qui a marqué le passage de Piazzolla du tango classique au nuevo tango. Ici, accordéon, vibraphone et percussions apportent une sonorité moderne à la sombre mélancolie de la musique de Piazzolla. Ce n’est pas sale et sale, comme l’original, mais il s’engage certainement d’une nouvelle manière.
Aconcagua est le surnom que l’éditeur de Piazzolla a donné à son Concerto pour bandonéon et orchestre que le compositeur a créé à Buenos Aires en 1979. Ici, Mogensen joue son propre arrangement du premier mouvement ; ce morceau et les cinq suivants sont tous pour accordéon et ensemble de chambre. C’est un moment fabuleux sur le disque, car les interprètes savourent les textures complexes de Piazzolla et les combinent avec le rythme et l’entraînement, trouvant un large éventail de couleurs dans la pièce ainsi qu’une belle touche de sleaze.
Fugue et mystère vient de chez Piazzolla Marie de Buenos Aires, bien que la fugue doive clairement quelque chose à son temps passé à étudier avec Nadia Boulanger. Une belle fugue guillerette, pleine de rythmes forts, puis une section mystère toute en couleur et en mouvement.
corail est de la Suite Punta del Este, composé pour bandonéon et ensemble de chambre en 1982. La suite porte le nom d’une station balnéaire uruguayenne. C’est une pièce complexe et plutôt intrigante, et l’univers sonore semble bien loin de ce que l’on attend de Piazzolla, mais il regorge de fortes couleurs orchestrales.
Les deux pièces suivantes, Allegro Tangabile et Contramilonga viens de Marie de Buenos Airesle premier avec un mélange irrésistible de lyrisme et de tapotement du pied, le second présente la mélancolie lancinante familière de Piazzolla et semble être une musique de lui que nous avons entendue dans tant de contextes différents.
Novitango vient du 1974 de Piazzolla Libertango album, mais ici Mogensen élargit la gamme de l’orchestration en ajoutant des couleurs aux rythmes pointus. En 1987, Piazzolla écrit Quatre, pour le tango pour le Quatuor Kronos, puis d’autres travaux ont été interrompus par les problèmes de santé du compositeur mais il a écrit Cinq sensations de tango pour eux, dont nous entendons Despertar comme un solo d’accordéon ample ou riche de textures et d’une profonde mélancolie.
Il s’agit d’un disque engageant, plein de couleurs intrigantes et de combinaisons inhabituelles, déplaçant parfois le monde sonore de Piazzolla vers de nouveaux endroits. Si vous aimez votre Nuevo Tango fait de manière traditionnelle, alors ce n’est pas le disque pour vous, mais si une série d’approches modernes et inventives de la musique du compositeur semble intrigante, alors c’est exactement ce qu’il vous faut.
Astor Piazzolla (1921-1992), arr. Bjarke Mogensen (né en 1985) – Adiós Nonino
Astor Piazzola, arr. Bjarke Mogensen – Vibraphonissimo
Astor Piazzola, arr. Bjarke Mogensen – Café 1930 de Histoire du Tango
Astor Piazzola, arr. Bjarke Mogensen – Tristango
Astor Piazzola, arr. Bjarke Mogensen – Aconcagua
Astor Piazzola, arr. Bjarke Mogensen – Fugue et mystère
Astor Piazzola, arr. Bjarke Mogensen – Corail
Astor Piazzola, arr. Bjarke Mogensen – Allegro Tangabile
Astor Piazzola, arr. Bjarke Mogensen – Contramilonga
Astor Piazzola, arr. Bjarke Mogensen – Novitango
Astor Piazzola, arr. Bjarke Mogensen – Despertar (cadence)
Bjarke Mogensen (accordéon)
Mathias Heise (harmonica)
Johan Bridger (vibraphone)
The Danish Chamber Players (Svend Melbye, flûte, Som Howie, clarinette, Gunnar Eckhoff, basson, Stéphane Tran Ngoc, violon, Piotr Zelazny, alto, Tobias Lautrup, violoncelle, Mette Franck, harpe, Jakob Westh, piano)
Enregistré en septembre 2021 – Kumus Fgulsang, Norra Mellby Kyrka et Sct. Jørgensbjerg Kirke
NOS ENREGISTREMENTS 8.226916 1CD [66:07]
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